Homéostasie
Equilibre n'est pas le mot qui m'est venu naturellement à l'esprit lorsque j'ai traversé ViaSilva pour la première fois. Viasilva, c'est le nom d'un nouveau quartier de la Métropole Rennaise, à Cesson-Sévigné, qui devrait accueillir à terme près de 12 000 nouveaux habitants. C'est aussi le nom du terminus qui le dessert et de la nouvelle ligne de métro (B) de Rennes.
Equilibre, c'est pourtant le thème qui m'avait été donné pour reprendre la 4e édition des Rencontres photographiques ViaSilva, en janvier 2020. Ce territoire s'apparentait alors plutôt à un grand corps tuméfié aux multiples cicatrices entre lesquelles subsistaient des zones qui - d'apparence - résistaient à l'inflammation générale.
Peu à peu, un autre mot, proche dans sa signification est venu se substituer au premier, s'immiscer entre moi et la peau du chantier. Homéostasie, comme une optique spécifique pour porter mon regard sur ce tumulte. Homéostasie, c'est la capacité d'un système à maintenir l'équilibre de son milieu intérieur quelles que soient les contraintes extérieures. A l'échelle d'un organisme ou d'un écosystème, il s'agit de l'ensemble des paramètres devant rester constants ou s'adapter à des besoins spécifiques.
C'est ainsi que j'ai nommé ce projet dans ces premières semaines de janvier 2020, avant que « tout cela » ne nous arrive...
Après le premier confinement, le sténopé et en particulier le sténopé à multiples trous - s'est imposé à moi comme un procédé photographique susceptible de traduire ce que nous vivions, ce bouleversement. Un procédé que j'ai aussi adopté et àdapté à la prise de vue numérique. Il permet la surimpression et la fixation sur un même plan - une émulsion photographique - de plusieurs images. Il provoque ainsi des photographies particulièrement imprévisibles. Cette déstructuration permet de voir autre chose, d'accéder à d'autres formes de réalités, à des formes plus poétiques du monde parfois.
Dans cette période de crise si intense, où l'on ressent, physiquement parfois, l'étau fondre sur nos vies, ce projet est une forme de contre-pied joyeux. L'image ici échappe au contrôle. Elle ouvre ainsi la porte au mystère et peut-être à la joie ?
ViaSilva Building Site
Balance is not the word that naturally came to mind when I first drove through ViaSilva. Viasilva is the name of a new district of the Rennes Metropolis, in Cesson-Sévigné, which should eventually welcome nearly 12,000 new inhabitants. It is also the name of the terminus that serves it and of the new metro line (Line B) in Rennes.
Balance is the theme that was given to me to take over the 4th edition of the ViaSilva Photographic Encounters, in January 2020. At the time, this territory was more like a large, swollen body with multiple scars between which remained areas that - apparently - resisted the general inflammation.
Little by little, another word, close in its meaning, came to replace the first one, to interfere between me and the skin of the construction site. Homeostasis, like a specific optic to bring my glance on this tumult. Homeostasis is the capacity of a system to maintain the equilibrium of its internal environment whatever the external constraints. On the scale of an organism or an ecosystem, it is the set of parameters that must remain constant or adapt to specific needs.
This is how I named this project in those first weeks of January 2020, before "all this" happened to us...
After the first confinement, the pinhole camera - and in particular the multi-hole pinhole camera - imposed itself to me as a photographic process that could translate what we were experiencing, this upheaval. A process that I also adopted and adapted to digital photography. It allows the superimposition and the fixation on the same plane - a photographic emulsion - of several images. It thus provokes particularly unpredictable photographs. This destructuring allows us to see something else, to access other forms of reality, sometimes more poetic forms of the world.
In this period of so intense crisis, where we feel, physically sometimes, the vise melting on our lives, this project is a form of joyful counterpoint. The image here escapes control. It opens the door to mystery and perhaps to joy?